Prête-toi ma plume – épisode 32 – Marie

Marie ou l’observation

🪶 Curieusement, c’est dans le regard omniprésent d’un père amoureux de l’Afrique que Marie Larivière a découvert, petit à petit, sa passion pour la faune des glaces. L’histoire pourrait presque s’arrêter là… Mais c’est un peu court, jeune fille ! « Prête-toi ma plume » vous embarque donc sur les traces atypiques et enthousiastes d’une observatrice dans l’âme.

🧭 Depuis toute petite, Marie a le sens du détail.

Une qualité que l’on retrouve dans la précision presque scientifique avec laquelle elle raconte son parcours, pas à pas. Chaque information compte, chaque étape est une démonstration mathématique.

Elle apprend sur le tas, ou plutôt sur le terrain. Car à l’école, elle est aussi malade que malheureuse. Paris l’étouffe, elle ne s’y sent pas à sa place. Et ses nombreuses absences pèsent sur ses résultats scolaires. Même si heureusement, elle trouve quelques échappatoires pendant ses vacances bretonnes.

Parce qu’on la croit littéraire, Marie atterrit en L. Sans ailes, pourtant, car ses résultats ne décollent pas. Elle essaie ensuite la filière ES… Échec. Mais pas échec et mat, parce qu’en maths, justement, elle s’avère plutôt douée. Observer, comprendre, expliquer : la logique est déjà là.

Pas de pole position, donc, pendant sa scolarité. Mais heureusement, il y a une épaule, celle de son père passionné de sciences et d’environnement, et aussi Paul(-Émile Victor), un ami de la famille, qu’elle entend parfois raconter les Inuits et la banquise… Deux pôles magnétiques qui l’aident à trouver son cap.

Marie découvre le monde du travail lors d’un stage à la fondation Nicolas-Hulot, où elle revient ensuite régulièrement en tant que bénévole. Puis elle part au Sénégal. Et là, elle observe. Les animaux, les villages, les parcs nationaux, les traditions, tous plus fragiles les uns que les autres.

Et c’est en terre africaine que l’évidence apparaît : elle a un vrai don pour les animaux ! Depuis toujours, elle les regarde, elle les décrypte, elle les écoute. De retour en France, elle démarre donc une formation pour devenir assistante en chirurgie vétérinaire. Non pas assise à une table à écouter, mais en salle d’opération auprès d’un vétérinaire.

Et Marie a le truc, ce petit quelque chose en plus que les animaux sentent et ressentent. Elle prend soin d’eux pendant plusieurs années, de centres de soins en ferme pédagogique. Tandis qu’en parallèle, elle ressent un puissant appel de l’eau. Indicible. Irrépressible.

Elle cherche, et elle trouve, une formation en cétologie qui se déroule à Antibes et qui allie théorie, pratique et terrain. Banco ! Elle apprend puis repart, cette fois-ci en Nouvelle-Zélande, en Islande, en Norvège, avec son appareil-photo toujours à portée de main.

L’image, pour Marie, est un outil de consignation scientifique. Si elle n’est pas toujours à l’aise avec le langage des Hommes, elle se sent comme un poisson dans l’océan dès lors qu’il s’agit de comprendre le comportement des cétacés. Une encoche, une marque, un cicatrice : elle les suit et les repère à la trace.

Et elle leur consacre ses études : d’abord une Licence SVT, parcours biodiversité et écologie, puis un Master en éthologie. Un stage sur les cachalots, un poste dédié aux grands dauphins et un hasard de la vie lui permettent ensuite de devenir occasionnellement guide polaire sur des bateaux de croisière. Au Svalbard, au Groenland, en Antarctique : Marie est désormais dans son élément. 🐳

©️ Marion Haug / Scribox – décembre 2024. Merci à Marie de s’être prêtée au jeu de « Prête-toi ma plume » !