Vincent ou le témoignage
🪶 La vérité est ailleurs : pour vous présenter notre sujet du jour, « Prête-toi ma plume » a bien envie de citer Fox Mulder ! Car depuis des années, Vincent Hilaire signe et consigne les savoirs et les savoir-faire
d’une communauté du bout du monde. Son objectif, devant comme derrière son… objectif : témoigner encore et encore de leur essence et de leur résilience.
👀 C’est dans l’altérité, la différence, que s’écrivent l’histoire et l’identité de Vincent.
Telle une éponge dans l’océan, il écoute, observe, absorbe les idées et les valeurs qui l’entourent pour mieux tracer sa propre voie. Jusqu’à Ittoqqortoormiit, une localité très isolée du Groenland… Mais nous y reviendrons.
Avant cela, Vincent grandit à Marseille. Et chez lui, la courroie de transmission tient le cap ! De sa mère, issue d’une famille très liée à la mer, il tient une appétence enthousiaste et polymorphe pour tout ce qui concerne la Grande Bleue. Et avec son père journaliste, il apprend à aimer les récits, les rencontres, bref : les récits de rencontres.
Le pari de Paris
En parallèle, il se découvre très tôt une véritable passion pour la photographie. Dès lors, nul besoin d’un compas pour tracer son cap sur la carte SHOM de son orientation : il sera journaliste reporter d’images, pour et sur la mer, et loin, très loin, si possible…
Il part d’abord à Paris, sa ville natale qu’il ne connaissait pas d’un pouce. Et là il pousse, il grandit, il apprend, d’abord à la faculté d’économie, puis dans une école de journalisme. Il crée une radio étudiante, découvre les joies de la grille de programmation et de l’encadrement d’équipe.
Histoires et territoires
Bercé par Thalassa et le commandant Cousteau, Vincent rêve de grandes explorations, de reportages iodés et de monde du silence. Il va donc frapper à la porte de la télévision. Et il est embauché par FR3, aujourd’hui France 3, où il commence un quasi-tour de France des rédactions régionales.
À part la Corse et l’Alsace, deux territoires particulièrement chers à l’auteure de ces lignes, il découvre presque toutes les facettes de l’Hexagone. Partout, il se passionne pour l’agriculture, l’élevage, la vie dans les campagnes, l’économie rurale et les liens qui se tissent entre la Terre et les Hommes.
Mer promise
Et pendant son temps libre, il navigue. En régate ou en croisière, en transat’ ou en cabotage, au fil des alizés ou du mistral. Il partage sa passion, à grands coups de photographies et de rencontres, avec tous ceux qui s’y intéressent. Comme un passage de témoin…
Jusqu’au jour où il part. Direction l’Arctique et sa dérive des glaces, à bord de la goélette Tara, en tant que correspondant d’expédition. Ce premier hivernage sur la banquise sera, pour Vincent, un éblouissement absolu… De clichés en papiers, il rend compte du changement climatique, de la nuit polaire et de l’émotion vibrante.
Juste le bout du monde
Il rentre en France, mais il repart très vite, en Antarctique et ailleurs. Pendant dix ans, il accompagne ainsi les scientifiques à la rencontre de la Nature et des communautés humaines qui vivent (encore…) en harmonie avec elle. Et c’est ainsi que naît l’idée de Greenlandia, qui le mène à Ittoqqortoormiit.📍
Rassurez-vous, cher lecteur : Vincent ne vous en voudra pas si votre langue fourche sur ce nom. Car ce qui compte pour lui, c’est de comprendre et de porter. Comprendre ces sociétés confrontées à la pollution, à l’acculturation, à la marchandisation. Et porter leur parole, pour qu’elle résonne et, qui sait, qu’elle raisonne aussi… Car le changement climatique, n’en sommes-nous pas tous les témoins ?
©️ Marion Haug / Scribox – décembre 2024. Merci à Vincent de s’être prêté au jeu de « Prête-toi ma plume » !