Prête-toi ma plume, vos portraits rédigés : épisode 46
🪶 « Prête-toi ma plume » embarque aujourd’hui dans le sillage de Maurice Bara, un professionnel qui ne se lasse pas de regarder autour de lui et de ressentir le monde. S’il garde les yeux rivés sur l’horizon, son parcours n’en est pas pour autant linéaire… Car les rencontres, les détours, les découvertes jalonnent son histoire autant que sa carrière.

♟️ Enfant, il passe bien plus de temps dans les compétitions d’échecs que sur les plages de la mer du Nord.
Il en garde un indéniable sens de la logique, une certaine ténacité, une belle bosse des maths et un dossier scolaire en dents de scie.
Car le collège ne lui plaît guère ! Et son père, lieutenant de pêche, prédit vite à Maurice que s’il continue ainsi à ne pas travailler en classe, il finira à la mer… Chiche ! Maurice le prend au mot, et du haut de ses treize ans, embarque sur un petit fileyeur.
Père et mer
Contre toute attente, alors que la carrière de marin ne lui était présentée que comme une punition, voilà qu’il tombe amoureux de la Grande Bleue ! La fatigue, le mal de mer, les propos paternels : rien ne l’arrête. Il s’accroche, il endure.
Et s’il retourne ensuite à l’école, c’est uniquement pour apprendre le métier de marin. Il va à l’École des Mousses, valide un CAP de matelot et un BEP machine, découvre la langue française grâce à un professeur qu’il n’a jamais oublié… Finalement, Maurice réalise qu’il aime apprendre, quand il apprend ce qu’il aime.



Mer promise
C’est une blessure qui l’oblige finalement à arrêter la pêche. Une longue convalescence plus tard, il reprend du service dans une brigade de gendarmerie. Affecté dans la force Antilles-Guyane, il passe ainsi cinq ans à lutter contre l’envers du décor paradisiaque de l’archipel des Saintes.
Suppressions de postes, non-renouvellement de contrat : Maurice revient ensuite à Boulogne-sur-Mer. Il y passe son capitaine 200, avant de rejoindre l’île d’Yeu pour son capitaine 500. Puis il embarque à nouveau, cette fois-ci comme ouvrier machine sur des porte-conteneurs. Et là, il boit les milles avec délectation.



Planète mer
Au fil de l’eau, il découvre la vie en équipage, le déroulé du bord, la solitude du marin, l’immensité de l’horizon, les ciels de feu… Et la désolation absolue, lorsqu’il voit au beau milieu de l’Océan Indien, à 1200 kilomètres de toute côte, des déchets de plastique à perte de vue.
C’est pour Maurice une vraie prise de conscience. Car s’il se dit accroc aux voyages, c’est avant tout parce qu’il aime regarder la Nature, saisir l’instant, partager ses ressentis. Par la photographie comme par l’écriture, il a besoin d’exprimer et de transmettre tout ce qu’il vit. Et il s’y emploie sans relâche, sur terre comme sur mer.
Mer et paix
⚓ De retour dans sa région natale, Maurice a toujours de l’eau salée dans les veines autant que dans les yeux. Tantôt formateur au lycée maritime, tantôt pilotin au port de Boulogne-Calais, il est sur tous les fronts ou plutôt, sur tous les ponts !
Puis en 2024, il pose ses valises à Mayotte, pour enseigner la navigation et les manœuvres à l’école d’apprentissage maritime. Mais l’homme propose, et le climat dispose ! Quelques mois après son arrivée, le cyclone Chido emporte tout sur son passage. Plus de locaux, plus de bateaux… Mais Maurice continue à regarder devant, droit devant, jusqu’à l’horizon de la reconstruction.
©️ Marion Haug / Scribox – juillet 2025. Merci à Maurice de s’être prêté au jeu de « Prête-toi ma plume » !