Maeva ou l’endurance

Prête-toi ma plume, vos portraits rédigés : épisode 38

🪶 Certains parcours professionnels sont de vraies courses d’orientation. Mais d’autres se vivent plutôt comme un marathon. Endurance, tempérance, persévérance : qui veut aller loin ménage sa voilure ! Aujourd’hui, « Prête-toi ma plume » vous propose une immersion dans le sillage joyeux et aventureux de Maeva Onde, quelque part entre la Manche et l’Antarctique.

Il suffit parfois d’une piscine municipale pour faire naître les plus profondes vocations.

Malgré une enfance bercée par le rythme effréné de la région parisienne, Maeva ne perd pas une goutte de la passion pour la mer que nourrit son père.

💦 Entre stages de bodyboard et vacances en Bretagne, entre apprentissage de la natation et initiation à la plongée, elle grandit en rêvant de petits poissons, de majestueuses baleines et d’une carrière iodée. Pour son orientation professionnelle, sa seule et unique évidence est donc un élément : l’eau.

Au lycée, elle ne sait pas trop ce qu’elle veut faire… Mais elle sait qu’il lui faut une formation maritime, concrète et pragmatique. Et à dix-huit ans, elle part à Cherbourg, où elle suit avec passion, les pieds dans le sable, les cours de l’INTECHMER. Elle apprend les marées, les courants, les vagues.

Et elle affine, et elle affirme, sa vocation. Elle aime la mer, elle aime l’Histoire, elle cherche un métier qui lui permette à la fois de naviguer, de s’évader, mais aussi de mettre les mains dans le cambouis ou du moins, dans l’eau salée !

Au départ, elle regarde la mer comme un lieu de vacances ou comme un modèle qu’elle essaie de croquer, avec ses aquarelles ou son stylo-plume. Ce n’est que pendant ses études qu’elle apprend à la regarder autrement. On lui parle d’océanographie physique, de géodésie… Et au fil d’un stage en entreprise, elle découvre le métier de chercheur d’épaves.

Chercheur d’épaves, un métier, vraiment ? Eh bien oui ! Et Maeva le prouve. Pendant dix ans, elle remonte l’Histoire à la surface, sous forme de navires engloutis et de cargaisons perdues. Et elle arpente tous les océans et continents du monde. Tous ? Non ! L’un deux résiste, encore et toujours…

Maeva revient sur terre, le temps de donner naissance à sa petite fille et d’apprendre de nouvelles compétences dans la gestion de projets maritimes. Mais cela n’a qu’un temps, et après trois ans loin de la Grande Bleue, l’appel est trop fort.

L’appel de la mer, évidemment, mais aussi l’appel de son ancien patron qui lui propose une expédition qui ne se refuse pas : l’Antarctique, dont elle rêve depuis toujours, pour rechercher la mythique Endurance, le trois-mâts de Shackleton. Deux mois qui passent en un éclair, mais qui restent pour la vie.

Car Shackleton, pour Maeva, c’est le Graal ou l’Atlantide… Valeur historique, cohésion d’équipe, esprit pionnier et paysages grandioses l’animent et la nourrissent. Et la découverte de l’épave, en mars 2022, provoque en elle une émotion brute et éternelle qui la marque et la démarque pour toujours.

🗺️ Le retour à la réalité sera un peu difficile. Mais aujourd’hui, Maeva trouve son équilibre entre la mer et la mère : la mer qu’elle aime, la mère qu’elle est. Et si elle vit la plupart du temps sur le plancher des vaches, elle repart très régulièrement à la rencontre des cachalots ou des manchots, dont elle admire l’élégance… et l’endurance.

©️ Marion Haug / Scribox – février 2025. Merci à Maeva de s’être prêtée au jeu de « Prête-toi ma plume » !